Outre-mère de Dominique Costermans
Un Juif nazi, ça a existé? Et pourquoi pas? Fiction ou réalité?
Lucie fait des recherches sur son grand-père Charles, le père de sa mère, Hélène, qui ne parle pas beaucoup de son passé, encore moins de "l'auteur de ses jours" comme elle l'appelle, qui a lâchement abandonné sa femme, l'a même envoyée en Allemagne parce qu'elle a prévenu des voisins juifs qu'ils allaient être arrêtés et qui a caché sa fille Hélène avant de prendre la fuite après la guerre.
Charles était juif, mais il a réussi à passer dans le camp ennemi et peut-être à envoyer des Juifs dans des camps de concentration.
Quand sa femme Suzy est revenue d'Allemagne, elle a retrouvé sa fille, Hélène, placée chez des gens, et son petit garçon Mischa, mort ! La mère adoptive de la petite a tout fait pour éloigner Suzy de sa propre fille. La gamine a vécu en croyant que sa mère vivait loin de chez elle, alors qu'elle était là, à proximité.
"Outre-mère", c'est l'histoire de ce Juif collabo, mais c'est aussi l'histoire d'une famille, de ses quatre femmes, de ses enfants, des dommages collatéraux causés par sa trahison à son pays, la Belgique.
Les choses auraient-elles été différentes si Charles avait été accepté par l'armée belge? Aurait-il combattu pour la liberté de la Belgique au lieu de trahir son pays?
"Outre-mère", c'est aussi l'histoire d'un homme autoritaire, violent parfois, peut-être même pédophile.
"Outre-mère", c'est l'histoire d'une femme, Lucie, des générations précédentes, des quatre femmes qui ont rencontré celui qui forgera leur destin.
"Outre-mère" n'est pas un livre sur la guerre, plutôt une analyse de ce qui est, ce qui a été, et ce qui aurait pu être différent si...si Charles n'avait pas existé, s'il avait été un autre homme, s'il avait été quelqu'un de bien...
Un livre que j'ai apprécié et pourtant j'ai eu beaucoup de mal au début de ma lecture avec les différents personnages. Heureusement, l'auteur a fourni un arbre généalogique de la famille qui est une aide précieuse ! Malgré cela, j'ai cru abandonné le livre dans les premières pages, car je devais trop souvent me référer à cet arbre généalogique.
Ce qui m'a le plus gêné (il a fallu le temps que je le comprenne), c'est que Lucie est parfois la narratrice du récit, parfois l'héroïne racontée par un narrateur (l'auteur) sans que cela se remarque de manière typographique. Une fois que j'ai compris ça, l'histoire a coulé de source.
Un premier roman réussi pour Dominique Costermans, auteure de nouvelles parues aux éditions Quadrature ou Luce Wilquin.