Propriété privée de Julia Deck
Voici un livre qui m'a laissé dubitatif à la fin. J'ai eu l'impression qu'il n'était pas fini, comme s'il manquait des pages. J'ai dû louper quelque chose en route... J'ai eu l'impression que l'énigme n'était pas résolue.
Vous avez déjà eu cette impression sur un livre? Bizarre...
Le thème de ce roman, c'est le voisinage et tout ce que ça peut comporter comme ennuis.
Les Caradec, un couple de quinquagénaires parisiens se décident enfin à devenir propriétaires. Ils ont donc déménagé dans un écoquartier : constructions peu énergivores, bâties en matériaux durables, une petite commune en plein essor.
Elle travaille dans l'urbanisme et lui reste à la maison, ne sort que pour se rendre chez le psy, bref, il soigne sa dépression chronique.
Leur rêve se réalise jusqu'au jour où les Lecoq s'installent dans la maison mitoyenne. A partir de là, rien ne va plus.
Les Lecoq se garent devant chez eux, mettent la musique à fond, vivent comme s'ils étaient seuls au monde.
Le chat des Caradec est retrouvé mort puis c'est la femme qui disparait. Les soupçons se portent sur le mari (comme toujours) puis sur le voisin qui avait plus d'un compte à régler avec elle.
Je n'ai pas vraiment adhéré à l'histoire, je n'ai éprouvé de la sympathie voire de l'empathie pour aucun des personnages et, comme je vous l'ai dit au début, j'ai trouvé la fin...sans fin !
Youri de Henri Troyat
A une époque, j'ai lu pas mal de romans d'Henri Troyat puis j'ai plutôt laissé tomber cet auteur. Il y en a tant à lire.
"Youri", je l'ai reçu en cadeau. J'ai donc décidé de redécouvrir l'auteur.
Nous sommes en 1917. La révolution gronde à Moscou et à Petrograd (Saint-Pétersbourg).
Youri et Sonia vivent ensemble, sont comme frère et soeur bien que le garçon soit le fils de la famille et que Sonia soit la fille d'une domestique. Les enfants ont grandi ensemble dans le vaste domaine des Samoïlov. On les voit très bien se marier, ces deux-là, même s'ils sont issus de milieux différents.
Mais, brusquement, un drame éclate : les Bolcheviks gagnent les campagnes et obligent la famille à fuir. Le père part en avant. La mère et le fils suivront dès qu'ils auront les papiers qui leur permettront de quitter le territoire. Ils seront aidés en cela par la mère de Sonia qui les accompagnera avec sa fille.
Les enfants prennent ça comme un jeu. Ce qui, pour tout le pays, est un cataclysme sanglant, se traduit, pour eux, par la découverte d'un amour puéril et farouche.
Mais les événements vont jouer contre eux et certains vont retourner leur veste. Youri et Sonia vont quitter le monde de l'enfance pour entrer dans le monde impitoyable des adultes.
Un récit intéressant sur le bouleversement de l'Histoire et sur la guerre civile. L'écriture est fluide. C'est souvent les sentiments de Youri qui sont mis en avant ce qui facilite grandement la lecture qui pourra plaire, je pense, à tout un chacun.
L'homme-joie de Christian Bobin
Quand j'ai lu "Ressusciter" de Christian Bobin en 2020, j'ai noté ceci : "J'ai eu l'impression, en lisant ce livre, que l'auteur déposait ses idées sur le papier, au fur et à mesure qu'elles sortaient de son cerveau sans ordre et sans logique".
Je me fais exactement la même réflexion avec "L'homme-joie" qui n'est pas un roman, mais un recueil de textes, de récits courts, de pensées,... Mon avis était très mitigé sur ce bouquin, il l'est encore plus sur celui-ci.
Je dirai même que je n'ai pas aimé du tout ces récits qui ne m'ont rien apporté.
Quand je lis certains poèmes, je reste sans voix. Je n'y comprends rien. Ça ne veut rien dire à mes yeux. Ce sont des mots placés les uns à la suite des autres et je reste dubitatif.
C'est pareil ici. Je dirais que ce livre est un recueil de poèmes en prose pour lesquels je n'ai pas la clef.
Dans "Ressusciter", j'avais quand même retiré certaines phrases que je trouvais belles tout simplement. Ce n'est même pas le cas ici.
Si je peux apprécier des phrases du type "J'ai rêvé d'un livre qu'on ouvrirait comme on pousse la grille d'un jardin abandonné", d'autres me laissent froid.
Un exemple :
"Deux choses importantes sont arrivées aujourd'hui. J'ai su tout de suite qu'il n'y en aurait pas d'autres. A deux heures de l'après-midi, c'était plié. Deux émerveillements, c'est beaucoup pour un seul jour, non? Le premier miracle, c'était la tête du cheval brun chocolat enfoncée dans l'herbe haute noyée de boutons d'or. L'animal mangeait, éclaboussé d'or et d'émeraude. Manger est un travail sérieux. Sérieux et rêveur à la fois. J'étais si heureux de le voir. Allons, le ciel ne s'effondrerait pas encore ce jour-là puisqu'un sage à tête de cheval mâchait la lumière verte mouillée de pièces d'or. Cette vision avait quelque chose de religieux. La vie banale était simplement soulevée au-dessus d'elle-même. Il y a dans la nature les fragments d'un alphabet ancien, des morceaux de lettres capitales, des ruisselets d'italiques, de grands espacements bleus de silence..."
Vous comprenez quelque chose à ce charabia, vous?
Je sais que Bobin a ses fans, mais pour moi, c'est terminé. Paix à son âme.
Les enchères de Jacques Vandroux
J'ai découvert Jacques Vaudroux l'année dernière avec "Projet Anastasis", un roman que j'ai adoré.
Je le retrouve ici avec une nouvelle d'une centaine de pages : "Les enchères".
Valérie Barot est spécialiste de l'art médiéval. Elle est chargée par son patron de se rendre à New York avec d'y acquérir un manuscrit du XVe siècle vendu aux enchères.
L'acheteur potentiel est prêt à débourser jusqu'à 5 millions de dollars pour acheter ce bouquin.
Valérie Barot n'aura pas de peine à remporter la vente si on lui laisse une telle somme entre les mains.
Mais voilà qu'une concurrente entre dans la danse et semble avoir les mêmes moyens qu'elle.
Mais qu'est-ce donc que ce livre pour qu'il suscite les convoitises?
On ne le saura finalement jamais puisqu'il finira... Bon, je ne vais pas tout vous raconter.
"Les enchères" est un bouquin particulier puisque Jacques Vaudroux propose plusieurs fins dont la plupart sont totalement loufoques et émet même l'idée que le lecteur en écrive une lui-même.
Je pense que l'auteur s'est bien amusé en écrivant cette nouvelle, mais moi, tout ça ne m'a pas trop séduit. Le texte n'est pas assez travaillé à mon gout.
J'espère retrouver Jacques Vaudroux dans un roman de la valeur de son "Projet Anastasis".
Un homme effacé d'Alexandre Postel
Je ne connaissais pas Alexandre Postel qui a reçu le prix Goncourt du premier roman en 2013 avec "Un homme effacé". J'ai reçu ce livre en cadeau et je l'ai laissé dormir dans ma bibliothèque pendant plusieurs années avant de me décider à le lire.
Résultat des courses? Coup de coeur pour ce premier bouquin ! Un livre un peu dans la veine de "Je suis la maman du bourreau", mon gros coup de coeur de l'année, même si le sujet est différent.
S'il s'agit ici d'une erreur judiciaire et de tout ce qu'elle peut entrainer, le sujet de l'enquête est ici la pédopornographie.
Imaginez. Un jour, la police débarque chez vous, vous emmène au commissariat et vous confisque votre ordinateur. La police y découvre la trace (des photos fantômes) d'un millier de photos à caractère pédopornographique. Le monde s'écroule pour vous ! Surtout si vous êtes innocent et que vous ne savez pas du tout comment ces photos ont pu se trouver là...
C'est ce qui arrive à Damien North, un veuf sans enfant, un homme simple, qui vit pour son métier de professeur de philosophie dans une université, un homme effacé donc.
L'inculpé a beau se savoir innocent, l'énorme machine judiciaire commence à le broyer. "Quoi qu'il arrive, lui dit son avocat, vous ne sortirez pas blanchi du tribunal. C'est une illusion de croire ça. On ne sort pas blanchi d'un procès comme celui-ci. Soit on ressort sali, soit on n'en ressort pas du tout."
Et c'est bien ce qui arrive au pauvre homme ! Tout le monde lui tourne le dos, tout le monde doute de lui : ses collègues, ses voisins et même son frère qui craint pour sa petite fille. N'a t-on pas retrouvé une photo de la fillette dénudée chez lui?
Quand une de ses élèves (à qui il a mis une mauvaise note) l'accuse de voyeurisme, plus rien ne pourra le sauver...
Un roman fort, très bien écrit, addictif sur les erreurs judiciaires qui peuvent détruire un homme innocent, les dérives de notre société, le comportement des gens bien-pensant,...
Un livre que je conseille et que je garderai, je l'espère, en mémoire.
Un bouquin qui donne envie de découvrir les autres oeuvres de l'auteur.
L'aile des vierges de Laurence Peyrin
Il y a quelques années, j'ai lu "Ma chérie"; j'avais aimé certains passages et je m'étais ennuyé avec d'autres.
C'est à peu près le même cas de figure que j'ai retrouvé ici avec "L'aile des vierges".
Nous sommes au sortir de la seconde guerre mondiale dans le Kent. Maggie a perdu son mari juste avant la guerre, un homme qu'elle a soigné pendant quelques années.
Devenue veuve, elle a dû se mettre à travailler. Un ami médecin lui trouve une place de domestique, de soubrette, devrais-je peut-être dire dans un somptueux manoir où la vie semble s'être arrêtée au siècle passé.
Mais Maggie est petite-fille de suffragette et fille d'une sage-femme féministe, elle a soigné son mari, elle a subi sa mauvaise humeur, mais les choses vont changer. Forte de caractère, elle ne se laissera plus jamais faire. Elle veut vivre libre.
Et pourtant, ne voilà-t-il pas qu'elle tombe amoureuse du maitre des lieux, le beau John, marié, trois enfants, un homme qui n'est évidemment pas de son monde.
Le droit de cuissage n'existe plus, mais il se dit dans les sous-sols que le maitre saute sur tout ce qui bouge et qu'une des anciennes domestiques se serait suicidée à cause de lui.
Maggie est pourtant totalement dévouée à cet homme bien que ce sera toujours elle qui aura le dernier mot...
Le récit est divisé en deux parties : Comté du Kent, début des années 50 et New York, fin des années 50, la ville où Maggie s'est réfugiée après avoir fui le domaine.
Commence alors une deuxième vie pour Maggie qui devient Elizabeth et finit par épouser celui qui deviendra le maire de la ville.
Un long chemin vers l'amour et la liberté pour celle qui voulait prendre son destin en mains et ne jamais plus dépendre d'un homme.
Un livre sur l'émancipation des femmes, leur dépendance vis à vis des hommes, le féminisme et la volonté de vivre la vie qu'on a choisie même si le destin vous joue des tours.
Ce n'est pas le roman du siècle, mais il n'est pas inintéressant et je suis content de l'avoir sorti de ma bibliothèque dans laquelle il s'ennuyait depuis quelques années.
La mort est une femme comme les autres de Marie Pavlenko
De Marie Pavlenko, j'ai lu "Je suis ton soleil" que j'avais beaucoup aimé, "Un si petit oiseau" qui avait été un coup de coeur pour moi et "Un été avec Albert" qui m'avait déçu.
Deuxième déception avec ce titre dont l'histoire est complètement loufoque. En fait, le sujet est assez grave puisqu'il s'agit de la mort, mais c'est écrit avec un humour que je n'ai pas trop apprécié.
Emm est la Mort. Elle fait un burn-out et se languit dans son canapé. Du coup, plus personne ne meurt ! Une bonne nouvelle? Pas du tout puisque les gens continuent de souffrir et bientôt la terre sera trop peuplée, la nourriture viendra à manquer ainsi que la place pour vivre...
Une réflexion intéressante sur la question : "Et si la mort n'existait pas". J'aurais aimé que le sujet soit traité autrement.
Emm rencontre Suzie, une jeune femme atteinte d'un cancer et dont la gentillesse va l'émouvoir. Dès lors, Emm va découvrir la richesse et la complexité de la nature humaine.
L'idée était bonne, mais pour moi la mayonnaise n'a pas pris.
Je suis la maman du bourreau de David Lelait-Helo
Attention, coup de coeur, coup de poing, claque monumentale !
C'est vrai qu'on parle beaucoup de pédophilie, chez les prêtres en particulier, et donc ce roman pourrait être une redite de tout ce qu'on a déjà entendu à ce sujet.
Et pourtant, ce roman est différent des autres, car c'est surtout le côté de la mère du pédophile qu'on explore.
Madame de Miremont tombe à la renverse le jour où elle apprend que son propre fils, le prêtre de la paroisse, a violé des petits garçons pendant des années ! Lui, le fils chéri, l'enfant qu'elle a mis au monde, qu'elle a choyé, qu'elle a nourri avec l'Evangile, qu'elle a tout doucement poussé vers la prêtrise, celui qu'elle voyait déjà partir pour Rome, est un monstre, un bourreau !
Tout commence par un article de journal mettant le clergé en cause. Gabrielle de Miremont s'insurge : on va encore ressortir ces vieilles histoires et salir l'Eglise ! Elle va de suite trouver le journaliste qui ose écrire ces saletés.
Tout change lorsqu'elle rencontre une victime du bourreau, une victime de son propre fils. Son univers entier s'effondre. Comment a-t-elle pu mettre un tel monstre au monde? Qu'a-t-elle fait ou pas fait pour en être arrivée là?
Elle qui ne vivait que pour son Dieu, par son Dieu, en oublie la prière, rompt, en quelque sorte, avec Dieu.
Commence pour elle un véritable chemin de croix... Il faut qu'elle expie ses fautes...
Un texte poignant, superbement écrit, qui ne peut que toucher les lecteurs. Un roman assez court qu'on ne peut plus lâcher une fois commencé, un livre à lire en une fois, en sortant de temps en temps la tête de l'eau pour respirer...
Mon premier gros coup de coeur de l'année. Ce roman devrait recevoir un prix.
La tresse d'or de Mireille Pluchard
Voilà un roman que j'ai gagné je ne sais plus à quelle occasion. Il dormait dans ma bibliothèque depuis quelques années, je crois. C'est une saga familiale, un roman du terroir basé sur la vie des ancêtres de l'auteure.
L'histoire se passe à la fin du XVIIIe siècle, début XIXe. Mireille Pluchard raconte les joies et les peines, la vie rude, mais remplie d'amour, les difficultés du quotidien, les naissances, les décès parfois survenus trop rapidement, les caprices de la météo qui jouent sur le destin des travailleurs du sol, la médecine souvent impuissante, le travail des enfants, l'analphabétisme, le désir d'apprendre, les fêtes, les foires, l'avidité de certains, la richesse des propriétaires terriens, la pauvreté du prolétariat,..
Tout ça est écrit, est décrit avec talent, sans larmoiements inutiles, avec précision, avec délicatesse, dans un style parfait et usant d'un vocabulaire recherché (le dictionnaire doit rester à proximité; les mots en occitan sont traduits en bas de page).
L'auteure sait emporter ses lecteurs dans un passé lointain dans lequel ils semblent plongés, vivant jour après jour les aventures de la famille Teissier, ses ancêtres qu'elle a retrouvés en faisant des recherches en généalogie.
Estienne et Anne Teissier font prospérer les terres du marquis de Trémolet. Un jour de foire, Estienne ramène un couple, les Chantegrel, venu chercher du travail au village.
Estienne trouve en Pierre Chantegrel l'homme qui pourra l'aider à édifier ses projets : élever le ver à soie. La sériciculture n'a plus de secrets pour le lecteur.
La vie de ses deux familles est désormais liée...
Ce que je retire surtout de cette lecture, c'est l'amour, la joie de vivre des gens de cette époque, ces gens qui n'avaient rien, rien que leurs mains pour vivre et qui semblaient toujours heureux, même si le malheur frappait trop souvent à leur porte. Ils vivaient de plaisirs simples que nous ne connaissons plus et la solidarité n'était pas un vain mot. Une époque dure, sans doute, mais il me semble qu'on vivait plus heureux que maintenant.
Une belle surprise que ce livre !
L'armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen
Prix des lecteurs 2013, ce livre devait donc dormir dans ma bibliothèque depuis 10 ans.
Je commencerai par dire que je ne comprends pas pourquoi ce roman a obtenu ce prix. Ce ne doit pas être le meilleur édité en 2013. Mais bon, c'est mon avis.
L'histoire est somme toute banale : un homme couche avec la baby-sitter de sa fille. Heureusement, il n'y a pas que ça, mais cet événement qui ne doit pas être si rare que ça influence tout le récit. 40 ans plus tard, sa femme est atteinte d'un cancer foudroyant.
Tout tourne autour de la mort prochaine d'Elsa qui compte bien profiter de chaque instant qui lui est offert.
Aux yeux de sa petite-fille, Anna, Elsa et Martti forment un couple heureux. Mais un jour, Anna sort une robe de l'armoire de sa grand-mère, une vieille robe qui a été oubliée là et qui a appartenu à Eeva, la baby-sitter de sa mère Elenoora.
Anna va alors découvrir des secrets enfouis au fond des mémoires et déterrer un passé pas toujours glorieux... Retour dans les années 60.
Les souvenirs des uns et des autres ont créé ce récit beaucoup trop long à mon gout. Il ne se passe finalement pas grand-chose sur ces 420 pages.
Je n'ai éprouvé de sympathie pour aucun des personnages, pas même pour la femme trompée en phase terminale de cancer.
Un roman pas indispensable que j'oublierai sûrement très vite.
PS Riikka Pulkkinen est finlandaise. Un pays froid, un regard assez froid sur l'amour, je pense.