J'ai découvert Benoit Philippon avec son incroyable "Mamie Luger". J'ai poursuivi avec "Joueuse" et j'ai continué avec son premier roman "Cabossé" dans lequel on a l'agréable surprise de retrouver la fameuse Mamie.

Cabossé par Philippon Le titre "cabossé" aurait pu être au pluriel car, dans ce roman classé, à tort selon moi, dans la catégorie "policier", on trouve trois personnages que la vie n'a pas épargnés.

Il y a d'abord Roy - dont le véritable prénom est Raymond - qui a eu la malchance de naitre avec une sale tête : une sorte de tomate écrasée ! Bâti comme une armoire à glace, il s'est frayé un chien dans la vie à coups de poing. Il a notamment été boxeur, mais ses coups de poing ne se sont pas limités à un ring.

Depuis que Roy a perdu sa petite soeur adorée par la faute de leur connard de père, une bête sommeille en lui, une bête tapie, prête à bondir à la moindre contrariété et sur laquelle il n'a aucune prise.

Un jour, il s'inscrit sur un site de rencontres et fait connaissance avec Guillemette, frêle femme que la vie n'a pas épargnée non plus. C'est le coup de foudre réciproque.

Pour protéger sa bien-aimée, Roy sera encore obligé de jouer des poings et les voilà en cavale. En route, ils rencontrent différents personnages pas très recommandables dont Mamie Luger.

A la fin du roman, Philippon fait surgir une troisième cabossée en la personne d'une petite fille de 6 ans.

L'écriture de l'auteur est belle. Il passe sans transition d'un langage cru à un langage poétique, touchant, qui arrive à décrire les sentiments de très belle façon.

Le passage où il raconte la mort de la petite soeur de Roy est d'une poésie incroyable. Ce passage ne peut que vous toucher.

"Et Lou respirait doucement. Un murmure d'ange brisé. Un reste d'air cherchait à trouver son chemin vers ses petits poumons traumatisés. Et Roy écoutait. Chacune de ses respirations. Il les a écoutées. Trois jours durant. Chacune d'elles. Sans jamais fermer les yeux. Sans jamais s'endormir. S'accrochant à chaque respiration, comme à un souffle d'espoir.
Une respiration...un souffle d'espoir.
Une respiration...un souffle d'espoir.
Une...
Roy l'a attendue, la respiration suivante. Il l'a attendue longtemps. Celle qui doit suivre la précédente...
Quand on ne sait pas encore que la précédente, c'est la dernière.
Et le reste d'étincelle s'est éteint.
La lumière a disparu, avalée par l'ombre dans l'escalier.
L'ombre..."

L'ombre, c'est son père !

D'autres passages sont aussi touchants comme celui où Guillemette se raconte, par exemple.

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé ce roman, même si certains passages m'ont un peu ennuyé.

Un policier? Pas du tout ! Je dirais plutôt une grande histoire d'amour, de l'amour brut, de l'amour tendre, de l'amour quoi.

La fin, tout à fait inattendue, est plutôt exagérée et pas très crédible.

Un roman qui peut plaire aux amateurs de tous les genres, je pense.

Cabossé de Benoit Philippon

Partager cet article