Indulgences de Jean-Pierre Bours
Si vous regardez la définition du mot "indulgence", vous en trouverez deux :
1. Facilité à excuser, à pardonner.
2. RELIGION CATHOLIQUE Remise des peines méritées par les péchés, accordée par l'Église dans une circonstance particulière.
C'est la première définition que nous utilisons aujourd'hui, mais c'est la deuxième qui est à la base de ce roman extraordinaire d'un auteur belge que je ne connaissais pas : Jean-Pierre Bours, avocat liégeois.
Que de recherches a dû demander l'élaboration de ce roman qui se déroule au XVIe siècle. Férus d'histoire, n'hésitez pas à le lire. Je ne pense pas que vous pourriez être déçu de votre lecture (quoique...on trouve quelques avis négatifs sur Babelio, mais n'y en a-t-il pas toujours?).
L'histoire commence en 1500 dans le Saint Empire Germanique. Eva, une jeune femme, fuit avec son bébé dans les bras. Elle est poursuivie. Elle arrive à pénétrer dans une église, à y déposer son bébé avant de se remettre à fuir et d'être arrêtée. Mais de quoi l'accuse-t-on?
14 ans plus tard, le lecteur se trouve plongé dans une famille comme on en trouve tant à l'époque. Lisbeth et Klaus ont 3 enfants vivants : Hans, Ulrika et Margarete dite Gretchen. C'est cette dernière qui sera l'héroïne du roman.
Le XIe siècle, c'est la chasse aux sorcières, c'est l'Inquisition, la torture, le bûcher, mais aussi la peste, Martin Luther, la réforme, la guerre des religions, mais encore l'art dans toute sa splendeur (on découvre dans ce roman des peintres qui m'étaient parfaitement inconnus; armé de mon smartphone lors de ma lecture, j'ai découvert pas mal d'oeuvres d'art dont je n'avais jamais entendu parler) et puis la médecine balbutiante et parfois dangereuse.
Le roman alterne les événements qui se sont déroulés autour d'Eva en 1500 et de Gretchen en 1514 et les années qui ont suivi.
Je trouve la première héroïne, Eva, extraordinaire. Elle se retrouve face au tribunal qui l'accuse de mille maux et se défend admirablement. Il ne faut pas oublier que l'auteur est avocat. Eva en aurait fait une bonne.
Gretchen est admirable aussi.
Sur Babelio, certains lui reprochent justement le fait que les femmes, à l'époque, n'avaient pas leur mot à dire (refuser le mariage avec l'homme qu'on leur a choisi, par exemple) et donc que ses héroïnes ne sont pas crédibles. Je les vois plutôt comme des femmes exceptionnelles.
Un roman d'une rare intensité que je recommande à tous les amateurs de l'Histoire avec un grand H.
Ce sera sans doute MON grand coup de coeur pour 2023.