Les lapins ne mangent pas de carottes par ClémentJe connaissais vaguement Hugo Clément, ce journaliste engagé dans la défense animale, quand le Père Noël m'a apporté ce livre que j'avais déjà failli acheter plusieurs fois. (Ma PAL n'en voulait pas !)

Le Père Noël m'a demandé si son livre était beau. Beau, ce n'est certainement pas le mot pour qualifier ce livre coup de poing ou coup de pied dans la fourmilière. 

Nous avons une image des animaux qui ne correspond pas toujours à la réalité. Cette vision déformée peut nous conduire à justifier l'exploitation déraisonnée que nous en faisons, voire la violence et l'injustice que nous avons à leur encontre. 

Dans son livre, Hugo Clément déconstruit les représentations et les pratiques que nous perpétuons de génération en génération, le plus souvent sans y réfléchir. 

Le journaliste poursuit le but de changer le regard que nous portons sur les animaux, de modifier notre manière de voir le  monde dans lequel nous vivons, nous les animaux qui nous croyons supérieurs à toutes les autres espèces. Cette croyance nous permet toutes les folies, tous les excès, toutes les injustices. 

Hugo Clément commence par faire comprendre à ses lecteurs qu'ils sont des animaux, une espèce parmi d'autres.

"L'homme n'est pas le seul animal qui pense. Mais il est le seul à penser qu'il n'est pas un animal." (Pascal Picq, paléontologue)

Il démonte tous les arguments que nous pouvons avancer pour prouver notre supériorité sur le monde animal. Sur quoi nous basons-nous pour décréter notre prétendue supériorité? 

"Nos capacités physiques? Nous ne sommes ni les plus rapides ni les plus forts."

"L'intelligence? Le développement et l'utilisation d'outils ne sont pas l'apanage du genre humain même si les nôtres sont particulièrement perfectionnés."

"Est-ce vraiment faire preuve d'intelligence de concevoir d'incroyables machines pour envoyer quelques touristes fortunés dans l'espace, pour raser une forêt en un temps record ou pour combattre ses frères humains en détruisant des régions entières, par exemple?"

"En peu de temps, nous avons endommagé les écosystèmes dont nous dépendons. Donc, pour moi, s'il faut absolument faire des catégories, à l'échelle de l'évolution, on est plus proches des plus stupides que des plus intelligents."

"En tant qu'espèce, nous sommes pour l'instant incapables de nous adapter à cette situation nouvelle que nous avons provoquée et de changer de comportement. Pour le dire autrement, nous manquons d'intelligence."

"L'intelligence du coeur? L'animal est associé à l'absence de retenue, de réflexion, de bonté. Ainsi, nous serions les seuls à pouvoir nous targuer de "l'intelligence du coeur", c-à-d l'altruisme et l'empathie. L'éthologie (science qui étudie le comportement des animaux) montre le contraire."

"La parole"? Les animaux communiquent entre eux. C'est nous qui ne comprenons pas leur langage, pas plus qu'ils ne comprennent le nôtre. 

Les chapitres suivants explorent les méthodes d'élevage (150 millions d'animaux d'élevage sont visibles en extérieur, contre plus de 850 millions qui sont enfermés à vie). "Loin des yeux, loin des caméras, nous pouvons facilement les oublier."

"Protégé par la loi lorsqu'il est "de compagnie", l'animal est, à l'inverse, élevé dans des conditions abominables quand il est destiné à la consommation." Et ne parlons pas de l'abattage ! 

Il faut aussi savoir que "l'élevage est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial soit autant que les émissions directes des voitures, avions et bateaux du monde entier. L'élevage est aussi le premier facteur  de déforestation en Amazonie et participe massivement à la pollution de nos rivières, de nos nappes phréatiques, ainsi qu'à la prolifération d'algues toxiques sur nos littoraux." 

"La production de la nourriture destinée aux animaux d'élevage dépense de gigantesques quantités d'eau et monopolise la grande majorité de la surface agricole mondiale, avec des productions intensives arrosées de produits phytosanitaires."

"La pêche est également la première cause de destruction de la biodiversité dans les océans."

Le journaliste continue avec la nécessité d'éviter de manger de la viande. 

"Tuer des animaux pour les consommer est une question de choix, pas de nécessité."

"Personne ou presque n'aime faire souffrir les animaux. Pourtant, cela n'empêche pas la population de consommer massivement les produits de l'élevage intensif, qui génèrent, eux, d'immenses souffrances pour des millions d'êtres vivants."

Hugo Clément continue avec les zoos, les parcs animaliers, les delphinariums, l'exploitation des éléphants pour le tourisme, les cirques,...et démonte toutes nos croyances sur le bien-être des animaux dans ces lieux touristiques. 

Puis, il s'attaque à la chasse, ce qui ne fait pas que des heureux ! Il démonte tous les arguments que peuvent avancer les partisans de ces tueries un à un. Les traditions ont parfois la dent dure, mais "ce n'est pas parce que l'on fait quelque chose depuis longtemps qu'il est légitime de continuer à le faire!". 

"Nous sommes les seuls à détruire l'environnement dont nous dépendons pour survivre, et à provoquer l'extinction des êtres qui partagent notre écosystème."

Un chapitre est consacré à la déforestation pour ... l'appât du gain évidemment (plantation d'avocats, de soja,...)

"L'Amazonie arrive plus vite que prévu au "point de bascule" qui pourrait la transformer en savane. Ce serait une condamnation à mort pour des centaines d'espèces, ainsi que pour les peuples indigènes qui habitent la forêt."

N'allons pas chercher si loin. Chez nous aussi, des centaines (ou des milliers) d'hectares de forêts ou de prairies disparaissent au profit des cultures (de maïs, par exemple, pour nourrir les sangliers qui sont en surnombre et donc la proie des chasseurs) ou de la construction.  

Hugo Clément termine par quelques conseils, car sur notre planète il y a de la place pour tous. A nous d'y pourvoir...

Je sais que certains n'aiment pas "les donneurs de leçons", mais je pense que, de temps en temps, il est bon de nous ouvrir les yeux sur nos pratiques tellement ancrées dans nos traditions qu'ils deviennent des actes irréfléchis.

Alors, Père Noël, non, ce n'est pas un beau livre que tu m'as offert, mais un livre qui ouvre les yeux et qui, peut-être, permettra de changer certaines choses...pour le bonheur de tous.