Le Mage du Kremlin par da EmpoliC'est la curiosité qui m'a fait acheter ce bouquin et je dois dire que je regrette mes 20 euros (J'aurais pu acheter 3 livres de poche pour ce prix-là !) ! Non pas que ce livre soit mauvais, mais il n'est pas du tout fait pour moi et j'aurais dû m'en douter. 

Ce sont les billets découverts à son sujet sur différents blogs qui m'ont donné envie de lire ce roman (mais est-ce vraiment un roman?) qui figurait en finale du Prix Goncourt et qui a obtenu le Grand Prix du Roman de l'Académie française. 

Un livre bien écrit avec un vocabulaire poussé (j'ai eu recours au dictionnaire plusieurs fois), mais à côté duquel je suis tout à fait passé ! 

Da Empoli est essayiste et conseiller politique. J'aurais donc dû me méfier...

Le "mage du Kremlin", c'est Vadim Baranov (un personnage fictif mais grandement inspiré par Vladislav Surkov), metteur en scène puis producteur d'émissions pour devenir, finalement, l'éminence grise de Poutine. 

Un jour, il confie son histoire au narrateur de ce roman.

Le lecteur plonge au coeur du pouvoir russe où courtisans et oligarques se livrent une guerre sans répit. Quant à Vadim, il va tâcher d'accomplir tous les souhaits de celui qu'on appelle "le tsar". Ce metteur en scène va transformer le pays en un théâtre politique. 

Quelques passages ont quand même attiré mon attention

"A la fin des années 80, le seul type d'entreprise autorisé en Union soviétique était la coopérative d'étudiants et ce fut la business school  du capitalisme russe. C'est là que s'est formée la majorité des oligarques."

"Pays de muets, pays de la belle endormie, merveilleux mais sans vie parce qu'il y manque le souffle de la liberté."

"Pour grand que soit cet empire, il n'est qu'une grande prison et l'empereur qui en détient les clés en est le gardien, mais les gardiens ne vivent pas beaucoup mieux que les prisonniers." (Custine)

"Si tu pars de l'idée que ce ne sont pas les choses, mais le jugement que nous portons sur elles qui nous fait souffrir, alors tu peux aspirer à prendre le contrôle de ta vie. Sinon tu es condamné à tirer sur des mouches avec un canon."

"Les imprévus sont toujours le fruit de l'incompétence."

"Poutine est un tchékiste, de la race la plus féroce, celle qui ne fume ni ne boit. Ce sont les pires, parce qu'ils cultivent les vices cachés. Il mettra la Russie aux fers."

"Evidemment, les Américains trouvent toujours le moyen de vous faire sentir leur supériorité."

"Le sabotage est une explication beaucoup plus convaincante que l'inefficacité. Quand il est découvert, le coupable peut être puni. Justice est faite quelqu'un a payé et l'ordre est rétabli."

"Un homme politique arrêté, pourquoi pas, mais un milliardaire, ce serait inimaginable, parce que votre société est fondée sur le principe qu'il n'existe rien de supérieur à l'argent. Ce qui est amusant, c'est que vous continuez à appeler les nôtres des "oligarques", tandis que les vrais oligarques n'existent qu'en Occident. C'est là que les milliardaires sont au-dessus des lois, qu'ils achètent ceux qui gouvernent et écrivent les lois à leur place. Chez vous, l'image d'un Bill Gates, d'un Murdoch ou d'un Zuckerberg menotté est totalement inconcevable. En Russie, au contraire, un milliardaire est tout à fait libre de dépenser son argent, mais pas de peser sur le pouvoir politique. La volonté du peuple russe - et celle du Tsar qui en est l'incarnation - prévaut sur l'intérêt privé quel qu'il soit."

"Les espions cherchent des informations exactes, c'est leur métier. Le métier des gens du contre-espionnage en revanche est d'être paranoïaques. Voir des complots partout, des traitres, les inventer quand on en a besoin... Dans la tête du Tsar, rien n'arrive jamais spontanément. Les médias sont toujours manipulés. Les manifs, l'indignation des gens, rien n'est jamais comme cela en a l'air. Il y a toujours quelqu'un derrière qui tire les ficelles."

"Les conspirationnistes se croient très malins, mais ce sont de gros naïfs. Ils aimeraient que tout ait un sens caché et sous-évaluent systématiquement le pouvoir de la bêtise, de la distraction, du hasard."

"Entre un Russe et un Occidental, il y a la même différence qu'entre un habitant de la Terre et un Martien."

"Tu  sais qui a pris le pouvoir en Ukraine? Les Américains !"

" Les Américains ne supportent qu'une Russie à genoux; ils n'acceptent pas que quelqu'un puisse s'opposer à leur hégémonie."

"Nous ne sommes plus une république, nous sommes à nouveau un empire : nous conquérons de nouvelles terres, nous avons déjà un tsar à notre tête : Sa Majesté impériale Vladimir Poutine". 

"De temps en temps, un homme se dresse dans le monde, fait étalage de sa fortune et proclame : c'est moi ! Sa gloire vit le temps d'un rêve interrompu, déjà la mort se dresse et proclame : c'est moi! (La Bruyère)