Changement de genre pour Laurent Gounelle dont j'ai lu tous les livres qu'on peut nommer "de développement personnel" ou "livres qui font du bien".
Ici, l'auteur de "L'homme qui voulait être heureux" s'est lancé dans un thriller assez palpitant ! Bien sûr, comme dans ses autres romans, Laurent Gounelle va sortir, en douce, de temps en temps, une information à méditer.
Le thème de ce roman est l'intuition. L'auteur a, lui-même, été initié à une méthode permettant d'intuiter, de percevoir des choses, d'affiner ses perceptions, d'aller beaucoup plus loin dans le type d'informations qu'il pouvait obtenir. Sans cette formation, ce livre n'aurait pas vu le jour.
Timothy Fisher est un écrivain, auteur de polars aux succès d'estime. Un beau jour, deux agents du FBI frappent à sa porte. Ceux-ci lui demandent de les aider à coincer un type qui fait s'effondrer des tours.
Timothy pense tout d'abord qu'ils se sont trompés d'homme, mais ils l'emmènent et lui font suivre un étrange programme qui vise à former des intuitifs.
Voilà notre auteur embarqué dans une course contre la montre dans laquelle il devra connaitre à l'avance le lieu du prochain attentat. Possible ou pas? Timothy est aussi sceptique que le lecteur...
Laurent Gounelle en profite également pour parler d'un sujet grave : la disparition de la forêt amazonienne. Il emmène aussi ses lecteurs dans le monde économique où les grands de ce monde ne reculent devant rien.
Extraits :
"L'échec fait partie de la vie. On ne peut pas réussir grand-chose du premier coup. Le secret de la réussite, c'est de s'intéresser plus à nos actions qu'au résultat de nos actions. Chercher à améliorer chaque geste, chaque parole sans se soucier du résultat. Quand on se préoccupe seulement de bien faire les choses, le résultat finit toujours par être à la hauteur de nos attentes initiales, à condition de ne pas se focaliser dessus. Churchill disait que le succès, c'est d'être capable d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme."
"Etre libre, c'est agir sur la base de ses propres choix, pas en réaction à ce que disent ou font les autres."
"...les milliards de tonnes de gaz carbonique libéré ont le pouvoir de bouleverser le climat de la planète entière."
" La forêt amazonienne est détruite au rythme de 148 ha par heure. Rien qu'au Brésil, c'est l'équivalent d'un million de terrains de foot chaque année..."
"...les Brésiliens ne toucheraient guère à leur forêt sans les milliards déversés là-bas par nos banques et nos firmes de placement pour les pousser à le faire."
"Il est mille fois plus rassurant de connaitre l'ennemi et la nature précise de la menace, si horrible soit-elle, que rester dans l'incertitude, source de tous les cauchemars, de toutes les interprétations qui suscitent des peurs bien plus terrifiantes encore."
"- Il y a eu une étude faite par les Européens qui a montré que 94 bateaux (des paquebots) polluent plus que 260 millions de voitures qui roulent dans toute l'Europe. Ils émettent 10 fois plus d'oxyde de soufre que toutes ces bagnoles réunies ! En fait, même à l'arrêt, ils polluent : ils doivent faire tourner les moteurs au ralenti pour assurer l'électricité à bord. Eh bien, rien que pour ça, un seul de ces paquebots à l'arrêt pendant une journée pollue plus que 12 000 voitures !
- En fait, vous, vos bagnoles, elles roulent à l'essence raffinée qui pollue peu, mais est taxée à mort. Nous, en mer, c'est du fuel lourd qui pollue un max, mais qui n'est pas taxé. Zéro taxe.
- Pas étonnant que nos usines ferment ici pour produire leur merde à l'autre bout du monde. On crame du fuel pour les rapporter, mais ça coute que dalle. Et pendant ce temps, vous, on va vous emmerder pour vous faire mettre votre vieille bagnole à la casse et vous pousser à en racheter une neuve, alors que ça pollue beaucoup plus d'en fabriquer une neuve que de continuer de rouler avec la vieille. Et si, en plus, la neuve vient de l'autre bout de la planète, alors le bilan carbone est juste catastrophique. En fait, on se fout de notre gueule sur toute la ligne..."
"Le monde sera sauvé le jour où les gens se paieront des cours de yoga, de cuisine où de je ne sais quoi, plutôt que de changer de télé ou de portable pour avoir trois fonctions de plus dont ils n'ont pas besoin. Le monde sera sauvé le jour où l'on consommera des produits de saison produits localement, plutôt que de faire faire 4 fois le tour de la planète au contenu d'un yaourt aux fruits avant qu'il arrive dans votre assiette. Le monde sera sauvé le jour où on laissera les gens s'habiller comme ils veulent plutôt que de créer des modes qui les font se sentir ringards l'année d'après. Et la forêt amazonienne sera sauvée le jour où on cessera de faire croire aux hommes qu'ils deviendront forts et virils en mangeant du boeuf tous les jours."
" 100% des engagements pris par les gouvernements ont des échéances postérieures à la fin de leurs mandats. Donc aucun n'aura de compte à rendre. Tout ça, c'est du pipeau. Juste des beaux discours, la main sur le coeur."
"Au stade où on en est, il ne s'agit même plus de défense de la nature... Ce sont les conditions de la vie humaine sur terre qu'on détruit à grande vitesse, pour le profit de quelques-uns et par l'aveuglement et l'inconséquence de tous les autres. Tu n'imagines même pas le cauchemar que va devenir l'existence terrestre si on ne change pas."
"La plupart des gens sont incapables de faire l'effort d'arrêter de fumer quand on leur annonce un cancer du poumon, alors pourquoi veux-tu qu'ils arrêtent de se gaver de boeuf juste pour sauver la forêt amazonienne? Même s'ils sont sensibles à la cause, ils ne veulent pas changer leurs habitudes, alors pour éviter de culpabiliser, ils préfèrent ne pas se poser de questions. Ça ne sert à rien de leur expliquer que sans les forêts tropicales et les glaces du Pôle Nord, ils auront plus tard des régions tellement desséchées qu'elles deviendront invivables, et d'autres au contraire soumises à des pluies torrentielles toute l'année, et qu'au final tout le monde vivra l'enfer sur terre. Ce qu'ils veulent, c'est continuer à bouffer du steak maintenant sans se poser de questions sur sa provenance ni celle du soja ou du maïs qui les nourrissent, ils veulent continuer à s'acheter sans cesse de nouvelles fringues sans se poser de questions sur la quantité d'eau nécessaire pour produire un seul de ses vêtements, continuer à voyager loin sans se poser de questions, continuer à s'acheter les merdes qu'on fait venir pour eux de l'autre bout du monde sans se poser de questions et, bien sûr, placer leur épargne sans se poser de questions."
"- N'empêche que bon nombre d'entreprises dans tous les domaines prennent maintenant en compte le respect de la planète et..."
- Foutaise ! La plupart du temps,ce ne sont que des arguments marketing bidon pour donner bonne conscience aux consommateurs, qui gobent gentiment les jolies fables qu'on leur raconte."
" La démocratie a été confisquée par ces grandes firmes d'investissements. Parce qu'elles gèrent l'épargne retraite de centaines de millions de gens, elles détiennent des dizaines de milliers de milliards de dollars. Des milliards qui leur permettent d'acheter dans le monde entier des entreprises, des immeubles, des logements, des écoles, des hôpitaux. Des milliards qu'elles positionnent où bon leur semble, faisant la pluie et le beau temps sur le marché financier, des milliards qui leur permettent de prêter des fonds à pratiquement tous les Etats du monde qui deviennent ainsi leurs débiteurs. Des milliards qui les rendent tellement puissantes qu'elles ont le pouvoir d'impacter l'économie des pays. Et, petit à petit, ce pouvoir s'étend, se répand comme une pieuvre étirant ses tentacules, et ce sont ces firmes qui, de plus en plus, dictent leurs règles, influencent les lois, et font pression sur les gouvernements du monde entier pour obtenir ce qu'elles veulent."
Un thriller qui lance autant de pistes de réflexion, moi, j'adore. Ce livre fait d'une pierre deux coups.
PS Ce roman est édité chez Calmann Lévy et je déplore les quelques fautes d'orthographe que j'ai dénichées lors de ma lecture.