Les deux messieurs de Bruxelles d'Eric-Emmanuel Schmitt
Il est toujours difficile de parler d'un recueil de nouvelles sans en raconter les histoires. Je vous dirai simplement que le fil conducteur de ces textes (puisque beaucoup de gens aiment qu'il y en ait un) est l'amour, pas nécessairement l'amour entre un homme et une femme comme on le décrit dans beaucoup de romans. Il s'agit ici de l'amour entre deux hommes, de l'amour entre un homme et son chien, de l'amour qu'éprouve une femme pour son neveu alors qu'elle ne ressent pas grand-chose pour son propre fils, de l'amour qu'on peut porter à un disparu, à une personnalité qu'on n'a pas connue personnellement, de l'amour qu'on aurait pu porter à un enfant qui n'est pas né!
Quelques mots de ces 5 nouvelles.
Dans la première qui a donné son titre au recueil (et qui est celle que j'ai le moins aimé), deux messieurs se marient secrètement pendant un véritable mariage. Dès lors, ils suivront tout aussi secrètement la vie du couple marié.
Le chien (sans doute celle que j'ai préférée) nous parle d'un enfant qui a passé un an dans un camp de concentration et qui a retrouvé sa dignité grâce à un chien.
Dans Ménage à trois, un homme idolâtre l'ex-mari de sa femme, grand artiste qu'il veut sortir de l'ombre. En guise de chute, le lecteur apprend que ce grand artiste est ... biiiiiiiiiiiiiiip (je ne vous le dévoilerai que sous la torture).
Un coeur sous la cendre nous raconte l'histoire d'une famille, un enfant atteint d'une malformation cardiaque et qui attend une greffe, sa mère très occupée par son travail, et sa tante qui l'adore, le compare à son propre fils et le préfère. Un jour, le garçon est emmené en clinique afin de recevoir un nouveau coeur et, le même jour, son cousin meurt dans un accident de moto. Et si le garçon avait été sauvé par son cousin? Ça, la tante ne le supporterait pas!
Enfin l'enfant fantôme (la moins aboutie des cinq, je trouve) ne naitra pas, ses parents en ont décidé ainsi. Le foetus montre les signes de la mucoviscidose. Les parents pensent avoir bien agi jusqu'au jour où ils rencontrent une jeune fille atteinte de cette maladie, une jeune fille pleine de joie de vivre...
Le recueil est suivi d'un journal d'écriture dans lequel E-E Schmitt explique ses nouvelles, dévoile leur origine et réfléchit sur le thème abordé.
De ce journal, je retiendrai :
" La mort n'est qu'un service rendu à la vie pour qu'elle se renouvelle et continue. Si la Terre s'encombrait d'immortels, comment coexisterions-nous? La mort constitue la sagesse de la vie."
" Le bonheur ne consiste pas à se mettre à l'abri de la souffrance, mais à l'intégrer au tissu de notre existence. Qu'est-ce qu'une vie qui vaut la peine d'être vécue? A cette question, il y a autant de réponses que d'individus sur Terre. Je n'admettrai jamais que quelqu'un en décide pour moi ou pour les autres."
Livre lu dans le cadre de mon challenge "Lire sous la contrainte".